[Souvenirs] La (courte) vie d'Iyel

On aurait dit le paradis…
Une vaste plaine, bordée de petites montagnes. Des champs de blé à perte de vue, que faisait onduler une légère brise. Non loin coulait tranquillement une rivière qui allait se jeter dans un grand lac aux reflets saphir. Sur la rive se trouvait une petite chaumière. Le genre de maison ou l’on sait par avance qu’on sera accueilli avec joie pour une bonne soupe et un morceau de pain.
Et en plein milieu des champs, deux formes s’agitaient…

Chapitre 1 : le commencement

…et parlaient :
« Papa ! Papa ! Papaaaaaaaa !!!! »
« Oui ma puce, je suis la, pas la peine de crier. Qu’est ce qu’il y’a ? »
« Regarde comme je fauche bien, maintenant ! »
« Oh oui, c’est toi la plus forte, ma grande ! »

Un Feca et une petite Eniripsa étaient en train de faucher du blé. L’homme semblait être passé maître dans l’art de la faux, et il coupait nettement les épis, juste a la bonne taille, sur une belle largeur. Il riait de voir sa fille se démener avec son petit outil à elle pour tenter de l’imiter. Elle apprenait vite ; et il ne doutait pas qu’elle cultiverai un jour ces champs aussi bien qu’il ne l’avait fait lui-même. Mais pour le moment, elle débutait, et même si elle y mettait tout son cœur, elle avait encore des progrès à faire. Il posa sa faux a côté de lui, s’essuya le front, et appela sa fille.

« Iyel ! viens voir un peu par ici »
« Mais papa, j’ai pas fini ma rangée ! »
« Oh ? Comme tu veux… je t’apprendrai à pêcher un autre jour alors. »
« J’arriiiiiiiiiiiiiiiiiive ! »

Elle lâcha sa faux, et se mit à courir du plus vite qu’elle pu vers la maison, s’aidant de ses petites ailes. L’homme se remit à rire, et commença à la poursuivre, s’amusant à la distraire avec ses téléportations.

Chapitre 2 : hameçons et souvenirs

Ils s’étaient assis tout deux sur un long ponton qui partait de la maison. Le Feca avait prit soin de récupérer le matériel de pêche, et Iyel l’avais attendu un petit moment, avec toute l’impatience qui caractérise les jeunes de son âge… Son regard pétillant en disait long sur son envie de savoir lancer une ligne, et son père se dit en lui-même qu’il ne pourrait jamais résister à ces deux grands yeux bleus. Ca ne l’inquiétait pas outre mesure, d’ailleurs, elle avait toujours été très curieuse, et particulièrement espiègle, mais jamais désobéissante…

« Allez papa ! T’es encore dans la lune !!! Plus Viiiiiiiiiiiiiiiiite !!!! »
« Oui, oui ! Ne soit pas si pressée, il faut savoir prendre son temps quand on pêche ! »
« D’accord papa… »

Elle eu une minute de silence, puis rajouta :
« Bon, on commence quand ? »

Une fois de plus, il ne pu s’empêcher de rire. Il déballa le matériel devant les yeux bleus attentifs, monta les cannes. Elle ne pu retenir un « Bêêêêêêêêrk ! » quand il plaça les asticots sur les hameçons. Il lui montra comment lancer la ligne, failli se faire éborgner, rit une fois de plus, et lui expliqua comment voir qu’un poisson avait mordu, comment tirer pour le ramener, ni trop faiblement, ni trop fort…
Il lui dit aussi qu’il fallait être discret, sinon les poissons prendraient peur, et ne viendraient pas. Elle prit un air sérieux et concentré, attrapa sa canne à deux mains et se mit à attendre. Et ils attendirent…

La suite plus tard...

La peche, et l'attente qui va avec, amène souvent l'esprit a s'évader, a se promener dans les souvenirs et les rêves.
Le père d'Iyel ne pouvais pas s'empêcher dans ces moments de penser au passé.
Il n'etait pas né dans cette vallée, ni même sa femme ou sa fille. Ils venaient tout trois d'une petite communauté vénérant la déesse Feca, loin au nord.
Il avait rencontré sa femme la bas, ils s'etaient aimés passionément, s'etaient mariés dans l'allégresse générale, et si tout c'etait passé "normalement", ils auraient du encore vivre la bas.
Mais un seul fait avait fait basculer leur vie. Enfin, plutôt qu'un fait, on pourrait plutôt dire une fée : Iyel.
La naissance de la petite Eniripsa aux si beaux yeux n'avait pas enchanté l'ensemble de la communauté. Pour être précis, seuls ses parents et quelques amis furent heureux de la voir venir au monde.
Pour tout le reste du village, elle n'etait qu'une abbération, une enfant-fée dans un village sans histoire, une source d'ennuis et de malédictions. Elle etait une petite Eniripsa chez les Feca. Et helas, lorsque ce genre de situation survient, les conséquences en sont souvent les mêmes : suspitions, mise à l'écart puis mépris, insultes et enfin menaces. La jeune famille ne pu s'y soustraire, et n'eut guere le choix... L'exil fut considéré comme la seule solution possible pour leur bien-être a tout les trois.
Il partirent donc de nuit avec quelques affaires et l'aide du peu de personnes pour qui ils comptaient encore. Ils partirent comme des voleurs, sans espoir de retour, abandonnant maison et meubles, se jettant avec crainte mais espoir vers un avenir imprévisible.

Ce ne fut pas un voyage simple. La petite famille n’avait que peu d’expérience du combat, et aucune du voyage. Ils passèrent la majeure partie du temps à se cacher et à éviter les ennuis, ne sortant leurs armes que lorsqu’ils y étaient acculés. Mais il faut croire que la déesse Feca ne les avait pas reniés, leurs boucliers ne les lâchèrent pas, leurs bâtons frappèrent juste. Mais plus que tout, la petite Iyel montra des dons précoces pour les soins, guérissant d’un gazouillis les égratignures et petites plaies.

Non, ce ne fut pas un voyage simple.
Ils traversèrent des plaines interminables, évitant par miracle les nombreuses créatures hostiles qui vivaient dans la région.
Ils passèrent au large de petites cités et de campements nomades.
Ils franchirent des montagnes et des fleuves, toujours à la recherche de leur idéal…
Et un beau jour, alors qu’ils désespéraient d’arriver en un lieu accueillant, ils trouvèrent la vallée.
Ils n’hésitèrent pas longtemps. Peut-être aurait-ils du…